Nous connaissons bien dans l’histoire européenne Jean Monnet, que l’on surnomme « le père de l’Europe ». Né en 1888 en France, il devient vite un économiste reconnu dans le monde des affaires et prend une place cruciale dans l’élaboration de la CECA (communauté européenne du charbon et de l’acier), où il en est nommé président en 1952.
Jean Monnet avait de grands rêves pour l’unification de l’Europe dans le but d’instaurer la paix dans une région ravagée par deux guerres mondiales.
Avec des idées novatrices et une forte volonté d’unité, sa détermination conduisit à la création du plan Schuman en 1951 (d’après le nom du ministre des affaires étrangères françaises de l’époque).
Sans Jean Monnet, l’Europe n’aurait peut-être jamais vu le jour, et la création d’un espace intégré aussi bien économiquement que politiquement n’aurait jamais existé.
En Corée, un autre homme est tout aussi connu pour s’être battu toute sa vie pour créer une Asie paisible et unifiée. Son nom est Ahn Jung Geun (안중근) (1879-1910).
Activiste de l’indépendance, il assassina Le 26 octobre 1910 Ito Hirobumi, le Premier ministre du Japon et le premier chef de l’empire coréen, à la gare de Harbin en Chine.
Un quotidien chinois a rapporté que les intentions d’Ahn Jung-Geun à Harbin ne consistaient pas seulement en un simple assassinat, mais en une mission révolutionnaire dans le but d’apporter la paix en Asie de l’est.
Le 14 février 1910, un juge japonais inflige à Ahn Jung Geun la peine de mort.
Mais Ahn Jung Geun n’avait qu’un seul espoir, que son acte ne soit pas vain et que le Monde comprenne qu’il n’avait pas tué Ito Hirobumi par haine personnelle contre les japonais, mais pour que la paix en Asie soit rétablie.
Pour se faire, il lista pendant son procès 15 raisons pour lesquelles il a tué le premier ministre :
1) Assassiner l’impératrice coréenne Myeongseong
2) Détrôner l’empereur Gojong
3) Forcer 14 traités inégaux sur la Corée
4) Massacrer des Coréens innocents
5) Usurper l’autorité du gouvernement coréen par la force
6) Piller les chemins de fer, les mines, les forêts et les rivières coréens
7) Forcer l’utilisation de billets de banque japonais
8) Dissoudre les forces armées coréennes
9) Entraver l’éducation des Coréens
10) Interdiction aux Coréens d’étudier à l’étranger
11) Confisquer et brûler de manuels coréens
12) Répandre dans le monde entier une rumeur selon laquelle les Coréens sont favorables à l’occupation japonaise.
13) Tromper l’empereur japonais en disant que les relations entre la Corée et le Japon étaient pacifiques alors qu’en réalité elles étaient pleines d’hostilité et de conflits.
14) Briser la paix en Asie
15) Assassiner l’empereur Komei.
Avant sa mort, les derniers mots d’Ahn Jung Geun auraient voulu dire étaient : « que dure la paix en Asie, que dure la paix en Asie… ! ».
Mais il serait réducteur de résumer les actions d’Ahn Jung Geun pour rétablir la paix en Asie à assassinat d’Ito Hirobumi.
En effet, il débuta en prison l’écriture d’un livre qui jette les bases d’une Asie unifiée et en paix, non sans rappeler les idées que Jean Monnet appliqua en Europe 40 ans plus tard.
« Une paix en Asie » liste des principes fondamentaux pour une unification politique et économie en Asie de l’est, proposant une monnaie et une banque commune, ainsi qu’un port miliaire géré par la Chine, la Corée et le Japon conjointement. Il encourage également dans son livre à ce que les autre pays d’Asie se joignent à l’union, créant ainsi un espace toujours plus intégré.
Ahn Jung Geun, au même titre que Jean Monnet se sont battus pour que la paix dans leur pays soit trouvée, et pour les générations futures grandissent dans un monde unifié et sûr.
Si les grands acteurs de la paix comme Ahn Jung Geun continuent à se battre sur la scène internationale et nationale, alors peut être qu’un futur autour d’une Asie unifiée est possible !